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Le 29° régiment d'infanterie dans la Grande Guerre
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6 août 2023

L'enfer de Verdun...presque au jour le jour.

Au 1er janvier 1916, le régiment est à la Croix-Saint-Jean, dans le secteur de Marbotte (Meuse), où il subit régulièrement de violents bombardements.

Malgré ses demandes réitérées, le lieutenant-colonel Lenfant, qui ne peut utiliser son nouveau mortier de 58 non encore réglé, souligne que l'artillerie ne riposte pas. Quelques jours plus tôt, le colonel Mathieu, commandant la 32ème brigade, avait déclaré :"on peut se demander si, en cas d'attaque ennemie, on serait à même de compter sur l'artillerie !"

Le 12 janvier, une délégation sénatoriale, ayant à sa tête le Président Clémenceau, visite la tranchée de la Croix-Saint-Jean (JMO 29ème RI).

Le 22 janvier, la brigade est relevée; le 29ème cantonne à Ville-Essey, non loin de Commercy.

Le 30 janvier, le régiment se rend à  Lérouville, un peu plus au nord de Commercy, et prend part aux travaux d'une 4ème ligne défensive dans ce secteur.

21 février, les Allemands ont déclenché leur attaque au matin; la 16ème division est mise à la disposition du 2ème corps d'Armée attaché à la Région Fortifiée de Verdun, et reçoit pour mission la défense de la rive gauche de la Meuse.

Le régiment se déploit dans un secteur Woimbrey/Bannoncourt/Dompcavrin/Lahaymeix/Thillombois.

Le 29 février les 1er et 3 ème bataillons du régiment sont à Rupt-en-Woëvre, sur la rive droite de la Meuse, sur ordre du 2ème corps.

2 mars : une section de la 6ème compagnie signale que la passerelle sur la Meuse qu'elle garde à Woimbrey, est constamment bombardée, démolie et reconstruite. Le capitaine Watteau, qui commande provisoirement le 2ème bataillon propose de tester le passage de la Meuse par radeaux.

Ces bombardements se poursuivent les jours suivants.

Le 12 mars, le régiment passe en réserve de la 3ème division; le 17 mars il arrive aux Eparges, remis aux ordres de la 16ème division le 19.

Ce 19 mars, le secteur occupé par le régiment est soumis à un violent bombardement d'artillerie lourde qui lui occasionne de lourdes pertes; le JMO annonce 18 tués et 23 blessés. Le bombardement se poursuit la nuit et la journée suivante de 11h00 à 13h00, provoquant des dégats matériels au niveau des abris peu solides et qui s'écroulent sur les hommes, faisant 15 tués et 12 blessés.

Le 22 mars, le lieutenant-colonel Lenfant signale que le magasin de matériel et de munitions a été effondré par un obus, et que les lignes téléphoniques étant fréquemment coupées, ses communications sont très difficiles; il demande un poste TSF. Bombardements intenses de 6h30 à 7h30, et de 14h30 à 15h30, occasionnant 5 tués, 4 blessés et 6 contusionnés.

Vers 23h30, le lieutenant Marchal, qui commande la 6ème compagnie fait part d'une tentative d'attaque par 50 à 60 ennemis qui se sont présentés devant ses lignes, cherchant à atteindre les petits postes. Ils ont été mis en échec grâce aux réseaux de barbelés. Ce coup de main a été précédé de plusieurs rafales d'artillerie. Un sergent et un homme ont disparu, 3 hommes ont été tués, 11 ont été blessés.

26 mars : la journée a été plus calme; les abris font défaut et les hommes doivent s'abriter dans d'anciennes galeries de mines. 40 hommes ont été ensevelis dans l'une de ces sapes, l'entrée ayant été obstruée par un obus; ils ont pu être sauvés.

27 mars : un petit poste est attaqué pendant la nuit; le sergent Décamp et le soldat Paulin sont portés disparus. Le sergent Décamp figure sur des listes de prisonniers; pas le soldat Paulin.

Entre le 2 et le 5 avril, le régiment relève les unités du 13ème RI aux Eparges; le lieutenant-colonel Lenfant prend le commandement de la tranchée des Eparges.

Le 3 avril, vers 20h30, une patrouille ennemie attaque un petit poste à la grenade; elle est repoussée. Le secteur a subi de violents bombardements toute la journée. Ces bombardements se poursuivent les jours suivants occasionnant des destructions dans nos positions; les travaux de réfection sont perturbés par l'ennemi qui jette sur les travailleurs torpilles et grenades à fusils.

Le 19 avril, alors que le 13ème RI occupe le secteur des Eparges, les Allemands commencent à bombarder les positions à compter de 4h00 et jusqu'à 5h10; à 5h15 les fantassins attaquent. L'effet de surprise passé, des contre attaques sont menées qui parviennent à repousser l'ennemi; les pertes sont sévères pour le 13ème, 24 tués, 43 blessés, 74 disparus.

La nuit suivante, une patrouille commandée par le sous-lieutenant Raymond (2ème compagnie) est sortie vers 22h00, et a repéré un petit poste ennemi dans un ruisseau; suite à son compte rendu, il est envisagé de tenter une embuscade.

Les bombardements continuent les jours suivants, faisant des victimes. L'artillerie française réplique.

Le lieutenant-colonel Lenfant signale que les pluies persistantes rendent extrêmement difficiles les patrouilles de reconnaissance; le terrain est complètement détrempé, les hommes ne peuvent marcher sans s'enfoncer dans le sol.

Dans la nuit du 28 au 29 avril, méprise entre 2 patrouilles des 1ère et 7ème compagnies qui échangent des coups de feu alors que la consigne était de ne pas tirer; 1 homme de la 1ère compagnie est tué, un autre blessé.

Dans le même temps, une patrouille allemande d'environ 15 à 20 hommes, est mise en fuite par un petit poste.

Le général commandant la 16ème division rend compte au général commandant le 2ème corps que le 29ème RI a ses effectifs descendus à 1800 hommes en 2 mois, en partie "par le feu", mais surtout "par suite d'évacuations pour cause de fatigue"; il ne peut être employé à la défense des Eparges et demande des renforts. La présence en ligne des bataillons de la division ne permet de procéder au remplacement des effets et au nettoyage complet qu'une fois tous les 3 mois !

Dans la nuit du 1er au 2 mai, une opération est montée par la 4ème compagnie pour tendre une embuscade aux postes ou patrouilles ennemis. Elle se met en route à 19h00 et rentre à 1h00 du matin; les patrouilles ennemies ne sont pas sorties du fait des tirs de l'artillerie française.

Le 29ème est dans le sous-secteur de Bonzée-Villers aux Eparges.

 jmo122

 

Le 2ème bataillon est en zone II; le 3 ème est à Murauvaux. L'artillerie ennemie bombarde presque sans interruption la tranche des Eparges.

Le 6 mai, le régiment reçoit 2 officiers (sous-lieutanants Négroni et Ferry)  et 188 hommes en renfort; 1 officier (sous-lieutenant Marchand) et 56 hommes le 8 mai.

Jusqu'à la fin du mois, les régiments se relèvent mutuellement.

Le 7 juin, le lieutenant-colonel Lenfant prend le commandement de la tranche des Eparges.

Le secteur est fortement bombardé le 10 juin toute la journée, occasionnant des "dégats considérables" rapporte le lieutenant-colonel Lenfant; "à certains endroits la tranchée n'existe plus".

Le 16 juin, vers 11h00, un obus de 160 vient s'écraser près des positions occupées par le 29ème, provoquant la mort de 6 hommes.

Le 18 juin, vers 22h00, l'ennemi (20 hommes du 50ème régiment d'infanterie) tente un coup de main sur le secteur tenu par la 3ème compagnie; 1 Allemand saute sur le parapet de la tranchée, et est reçu par un coup de fusil de l'un des hommes présents; il se rend.

La tranche des Eparges est bombardée quotidiennement.

Début juillet, Nivelle remplace Pétain au commandement de la IIème Armée.

Le 11 juillet, l'Académie Française adresse à l'Armée de Verdun "l'hommage de son admiration, de sa reconnaissance et de son respect".

Le général Nivelle ajoute son commentaire.

lettre académie 11 07 1916 a

lettre académie 11 07 1916 b

Carte de l'ensemble du secteur :

carte générale

Dans la nuit du 20 au 21 juillet, vers 21h15, des Allemands sont aperçus sortant de leurs tranchées (environ 1 compagnie); l'ennemi est repoussé avec des pertes par notre fusillade et des tirs d'artillerie. Les Allemands ripostent.

Le 21 juillet, le régiment est concentré face au fort de Vaux, secteur de Tavannes :

situation 16°DI 19 07 1916

Le 22, le capitaine Gautherot, commandant la 2ème compagnie, signale que des avions allemands, très actifs, survolent nos lignes à faible hauteur et peuvent ainsi régler le tir de l'artillerie ennemie; il ajoute que nos avions semblent beaucoup moins actifs.

24 juillet, les hommes trouvent une bague de pigeon tué lors d'un incendie suite à des tirs d'artillerie.

24 07 1916 bague pigeon b

Le lendemain, un obus tombe sur les emplacements tenus par la CM3 au bois Fumin; 4 tués, 2 blessés graves et 3 moins gravement atteints.

Dans la nuit du 25 au 26 juillet, le 1er bataillon est très éprouvé par des tirs d'obus de gros calibres, à gaz ou autres matières non identifiées, qui brûlent très longtemps. 3 tués et 5 blessés.

A 21h30, un obus éclate et met le feu à des caisses de poudre à munitions; 8 hommes sont blessés, 7 périssent dans les flammes.

Des officiers dénoncent les agissements de l'ennemi qui utilise des fanions Croix Rouge de leurs brancardiers afin de s'approcher de nos lignes et prendre des renseignements.

29 juillet, grosse activité de l'artillerie ennemie dans le secteur de Tavannes; 9 tués dont le sous-lieutenant Regnon de la 1ère compagnie, et 9 blessés.

30 juillet, le lieutenant-colonel Lenfant dit que la 1ère compagnie a été très éprouvée mais "s'est vite remise d'aplomb"; les pertes sont cependant inquiètantes.

Le 31 juillet, le sous-lieutenant Virlot, chef de section à la 1ère compagnie de mitrailleuses, adresse un compte rendu sur la mort de 2 de ses hommes, tués par un obus français de 155 tiré trop court. Il regrette que ses alertes, données les jours précédents sur ces tirs trop courts, n'aient pas été entendues, que les fusées lancées pour demander l'allongement des tirs et les signaux faits aux avions français qui survolent alors le secteur n'aient donné aucun résultat !

Le 10 août, le régiment gagne la tranche des Hures dont le lieutenant-colonel prend le commandement.

16e div 11 aout 1916

Des patrouilles sont aussitôt envoyées pour vérifier les réseaux de barbelés en avant des positions des sentinelles.

Un avion enemi suvole nos lignes le 25 août et 2 ballons captifs sont aperçus.

Entre le 27 et le 29 août, les bataillons sont relevés; le régiment cantonne à Sommedieu.

Retour aux Eparges dont le lieutenant-colonel prend le commandement le 1er septembre, avant de revenir, après relève, à Sommedieu le 7 septembre.

Quotidiennement, les engins de tranchées ennemis causent des pertes dans les rangs du régiment (tués; blessés; disparus).

Le 4 septembre, à 6h30, une violente explosion engloutit 10 hommes qui occupaient 2 petits postes à cet endroit; les dégats sont très importants.

Le lendemain à 10h00, un petit poste composé d'un sergent et de 4 hommes est attaqué par une forte patrouille allemande; les hommes se défendent, soutenus par un petit poste voisin et une mitrailleuse, et mettent en fuite l'ennemi. Au cours du combat, un des hommes du petit poste est tué, 2 sont blessés et évacués, le sergent et le quatrième homme, blessés, sont faits prisonniers.

La 16ème division va quitter le secteur à compter du 14 septembre et se regroupera dans la région de Ligny-en-Barrois (Meuse). L'état-major et 2 bataillons du 29ème cantonnent à Trévéray, 1 bataillon à Saint-Amand-sur-Ornain.

Depuis le début de la campagne, les pertes du 29ème RI se montent à 31 tués, 79 blessés et 18 disparus chez les officiers, à 854 tués, 3678 blessés et 842 disparus pour la troupe.

 

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